La démocratie face à la violence

M’accordant avec le texte de Joël Roman sur la réforme des retraites, une loi passée en force contre une large majorité de l’opinion car elle ne pouvait pas s’appuyer sur le critère de l’âge en raison même de la diversité des situations, je me propose de mettre en scène, non sans faire écho à la pensée politique de Paul Ricœur, des interrogations portant sur le devenir historique de la démocratie en France et en Europe. Dans cette optique, je privilégierai, dans le contexte hexagonal fort troublé et inquiétant qui va de l’élection présidentielle de 2017 aux émeutes urbaines de juin 2023 en passant par la deuxième élection présidentielle de 2022, une constellation de problèmes : ceux-ci portent sur la violence, sur la politique considérée comme « la sphère des sphères » de l’agir, dans la mesure où cette superstructure n’est pas réductible aux infrastructures économiques, mais aussi sur la démocratie d’opinion et sur l’Europe. La démocratie, placée qu’elle est sous le signe de l’égalité anthropologique (d’où la place prise aujourd’hui à juste titre par la revendication féminine – les femmes ne votent en France que depuis 1947 – qui met en cause la hiérarchie hommes/femmes) est paradoxale puisqu’elle nourrit un sentiment d’inégalité politique et sociale que la mondialisation économique exacerbe à tous les niveaux et sous toutes les latitudes.

De la violence

C’est un leitmotiv de Paul Ricœur, qui cite souvent à ce propos Éric Weil ou Hannah Arendt : la question politique ne consiste pas à se débarrasser de la violence (qui est un facteur de division irrésorbable, comme le rappelle la tragédie) mais à s’efforcer de la pacifier en recourant au langage et à des procédures juridiques afin de rendre possible un « consensus conflictuel » (s’accorder sur des règles pour pouvoir être en désaccord). Ce qui engage la représentation (présidentielle, parlementaire) mais aussi d’autres modalités de l’action démocratique, comme la délibération, dont des conventions récentes (fin de vie, climat) ont souligné l’actualité en France. Dans cette perspective, Pierre Hassner associait de concert la représentation, l’État de droit et les droits de l’homme, un « triangle magique », selon lui, car jamais bien dessiné.  

Or l’absence de majorité du Président en 2022 et les manifestations qui ont rythmé la réforme des retraites ont remis au centre, après la séquence des gilets jaunes, les thèmes du « rejet partagé du politique » et de « l’esprit antisystème », mais aussi la double question de la légitimité, celle de la violence exercée par le Pouvoir et celle du recours à la violence contre le Pouvoir. Le moins que l’on puisse dire est que des polémiques anciennes autour de la fin et des moyens à la Camus, de la désobéissance volontaire et de la justification de la force ne sont pas « inactuelles ». Il est frappant de noter que des textes comme la préface de Sartre aux Damnés de la terre de Frantz Fanon ne font plus naturellement l’objet de critiques et sont comme revalorisés dans certains milieux politiques et intellectuels, pour lesquels les ZAD sont, par exemple, considérées comme des révoltes exemplaires. Cela ne doit pas faire oublier que les désaccords sur les actions violentes ont marqué la décolonisation et particulièrement la guerre d’Algérie (Paul Ricœur et une partie de l’équipe de la revue Esprit n’ont pas signé pas le manifeste des 121, soutenu par les Temps modernes). Cela ne doit pas faire oublier non plus que les printemps arabes, aujourd’hui bridés par des régimes autoritaires (à commencer par le Hirak en Algérie), ont la plupart du temps rappelé que la conquête du pouvoir par la violence avait conduit à des régimes peu soucieux de la démocratie (d’où la critique récurrente du FLN et du régime militaire à Alger). Si la réflexion de Ricœur et d’autres (dont notre ami Ramin Jahanbegloo, qui milite toujours sous l’égide de Gandhi) sur la non-violence et sur la nécessité de pacifier la violence mérite qu’on s’y arrête à nouveau, il n’en reste pas moins indispensable de comprendre pourquoi l’État français n’est pas capable de mettre en scène ce débat.

L’incapacité de l’État à s’exprimer sur ce point décisif creuse chaque jour un peu plus le fossé entre la violence légitime et celle qui ne l’est pas, ce qui condamne en retour le Pouvoir à manquer d’Autorité par manque de crédibilité et d’assurance autre que la force. L’impossible réforme de la police le montre dramatiquement car elle est au cœur du cercle infini de la violence : les émeutes urbaines de juillet 2023 ont rappelé cruellement que les violences policières (celles qui sont légitimées a priori par la nécessité d’assurer la sécurité) sont l’un des principaux nœuds à dénouer et à défaire. Les violences urbaines ont en effet déplacé le débat sur la légitimité de la violence sur les apories de la réponse policière au « refus d’obtempérer » : à la suite de la loi du 28 février 2017, votée sous la présidence de François Hollande, l’action de la police a fait l’objet de critiques diverses. Outre les chiffres (18 morts par tirs policiers depuis 2021, 71 ouvertures de feu à l’origine d’une saisie de l’Inspection générale de la police nationale durant cette même période), les interrogations sont multiples : elles portent entre autres sur l’interprétation de la loi sur le refus d’obtempérer par le policier qui intervient à chaud et donc plus ou moins aveuglément sur le terrain et sur la formation de la police (qui n’est pas comparable à celle de la gendarmerie, laquelle dépend de l’armée et de ses règles). Mais d’autres questions s‘imposent qui dépassent nos réflexions habituelles sur la violence et la non-violence (pour ne parler des considérations récentes sur la dé-civilisation, soi-disant inspirées par Norbert Elias). Mille questions donc : celle de la place prise par des syndicats policiers comme Alliance, dont les liens avec le RN ou l’idéologie à la Zemmour sont explicites, celle du mutisme du ministre de l’Intérieur sur les fautes et dérives de la police (racisme, manifestations…), celle de la comparaison avec les autres polices européennes, celle de la mise en image de la violence policière dans des films comme Bac Nord qui, salué par Marine Le Pen, en rajoute sur la violence de policiers que l’on confond avec des mercenaires livrés à eux-mêmes… De ce qui précède, il ressort que l’État français, et tout d’abord la parole présidentielle, ne peut pas faire l’économie d’une remise à plat du discours public sur les modes d’intervention de la police. Autrement, l’État comme le Parlement risquent de s’enfermer dans une légitimation du recours à la force qui ne peut que durcir l’action de l’État à une époque où la question de la guerre est d’actualité à l’intérieur (terrorisme) et à l’extérieur, aux frontières de l’Europe. On ne manque pas de sociologues et d’experts mais il ne suffit pas de dénoncer la police sur le plan de l’action ; manque une parole politique portant sur la police afin de ne pas laisser les Ciotti, Bellamy et Bardella occuper la scène médiatique et y faire le lien entre violence et occupation ethnique. Si la violence criminelle est moindre dans nos sociétés selon les experts, le débat sur la sécurité ne favorise pas un discours politique démocratique, ce qui permet aux antisystèmes de réclamer un Pouvoir plus autoritaire. Critiquer les errements et les faiblesses du Pouvoir actuel ne doit pourtant pas laisser croire qu’il n’y a pas une demande accrue de Pouvoir et d’Autorité, comme si l’un n’allait pas sans l’autre. La critique de la violence totalitaire nous a pourtant appris que l’État peut se retourner contre la société mais aussi que la servitude volontaire va dans le sens d’une revendication de sécurité maximale.

 

Les malentendus démocratiques de l’antisystème

Les émeutes urbaines de juin-juillet 2023, qui ont réactivé les polémiques sur la police, ne sont qu’un des moments dramatiques qui ponctuent un cycle historique indissociable d’un paradoxe lié à la présidence imprévue d’Emmanuel Macron : on a en effet attendu de lui (et il a dû y croire lui-même puisqu’il n’était manifestement guère préparé à une aventure présidentielle) que son surgissement apporte une réponse politique au rejet du politique, à l’esprit « antisystème » qui n’était pas une nouveauté dans la vie politique française, la dénonciation rituelle du néo-libéralisme succédant naturellement au capitalisme d’hier. Mais cela n’a pas été le cas : il est plus juste de dire que ces attentes déçues n’ont fait que creuser la fracture démocratique à divers niveaux, ce qui n’est pas sans affecter l’ensemble des institutions. Rappelons dans cette optique quelques-unes des séquences les plus récentes :

  1. Alors qu’on préconisait en 2017 (première élection présidentielle) un retour républicain à la démocratie politique (à savoir la relance de partis et d’institutions militantes), on a vu se réduire à grande vitesse voire s’affaisser le PS, LR et LREM (un parti gazeux indissociable des flux numériques et rebaptisé Renaissance), alors que LFI n’a pas réussi à se décrocher d’un Chef en mal de trotskysme. Dans ces conditions, seul le RN a confirmé silencieusement son emprise sur les esprits et son renforcement en tant que Parti…[1] 

  2. Alors qu’on attendait en 2022 un retour des pratiques et usages de la démocratie parlementaire dans l’hémicycle, on a assisté à une prolifération de blocages où les torts sont bien partagés entre un exécutif avide de contournements juridiques (abus du 49-3) et des extrêmes en mal de compromis. Il faut être bien démagogue pour ne pas comprendre qu’un Parlement inapte à discuter et à trouver des compromis ne peut que favoriser la décrédibilisation de la représentation politique, dont l’autorité dépend jusqu’à nouvel ordre des électeurs qui en sont la source.

  3. Quant aux manifestations contre la réforme des retraites, contrôlées par des syndicats réunis sous l’égide de Laurent Berger (la CGT et FO étaient désunies depuis la discorde de 1947), elles n’ont pas donné sens à une démocratie sociale renouvelée et encore moins à un mouvement social[2]. Qu’il y ait un refus juste et compréhensible d’une grande majorité de l’opinion publique face à la loi sur les retraites ne fait pas naturellement d’un mouvement syndical, si responsable soit-il, un grand mouvement social, puisque l’opinion défavorable renvoyait à l’ensemble de la société française à droite comme à gauche, au RN comme à la NUPES.

  4. À la confusion qui a suivi un mouvement foncièrement anti-présidentiel ont succédé des attentes concernant la démocratie, comme si la Constitution devait entendre le Mouvement social supposé citoyen par essence, comme si le Peuple ne renvoyait pas à des ancrages idéologiques contrastés qui ne sont pas le ferment d’un idéal de citoyenneté. On a eu l’impression que l’attente démocratique était d’autant plus intense et performative que les transformations attendues dans ces divers registres ne prenaient pas. De fait, le Président Macron s’est maintenu au Pouvoir alors qu’on attendait la chute du Prince solitaire…

 

Cette situation historique renvoie à plusieurs malentendus : celui qui fait l’impasse sur la communauté politique, celui qui se méprend sur la démocratie d’opinion et celui qui se focalise sur l’Europe. En ce qui concerne le communauté politique d’appartenance (qui passe par la citoyenneté et le pluralisme, non par l’ethnicité ou la revendication d’une identité fermée), Paul Ricœur rappelle que le contrat social passe par une inscription historique : s’opposer au Président, à la réforme, à l’exécutif, à l’État…  ne fait pas de nous automatiquement des citoyens si nous mettons entre parenthèses la question de l’appartenance à une société commune (l’opposition du citoyen et de l’État est un refrain longtemps porté par des penseurs républicains comme Alain). Tel est le paradoxe politique : le contrat social, la plus grande rationalité, est une fiction que les urnes rendent possible mais qui doit prendre forme historique, faire histoire. Mettre le mot citoyen à toutes les sauces[3] relève de l’irénisme démocratique s’il ne se raccorde pas à l’impératif d’une identité historique susceptible de relier le passé et l’avenir pour qu’elle ne devienne pas un lieu de mémoire immobile. Là encore, Ricœur peut être d’un grand secours, en tout cas celui de Temps et récit : la revendication démocratique n’a en effet de sens que si elle n’oppose pas brutalement sur le plan du temps la réaction et le progressisme (auxquels on associe trop vite droite et gauche) ; elle ne prend corps que si elle s’accorde au régime du clair-obscur, un mixte de projection vers l’avant et de respect de l’arrière, ce qui n’a peut-être plus de raison d’être à une époque qualifiée de « présentiste » qui se croit en ébullition permanente et ne voit pas dans les représentants politiques autre chose que des mauvais comédiens (mais un comédien peut devenir en temps de guerre un homme politique, comme le prouve le Président de l’Ukraine). Il apparaît que le « vouloir-vivre-ensemble », indissociable qu’il est de l’institution d’une communauté politique, doit être porté par une capacité à se projeter dans l’histoire à venir tout en respectant des fibres de mémoire qui sont autant de promesses non tenues de l’histoire. Faire histoire passe par une double critique de la modernité comme fuite en avant technicienne et de la tradition comme immobilisation historique. Cette interrogation est devenue une question historique à l’échelle de l’Europe sinon de la planète, alors que s’imposent le « libéral-conservatisme » (association de l’ouverture économique et du conservatisme sur le plan des mœurs) et les démocraties ethniques (expression de C. Jaffrelot à propos de l’Inde et d’autres régimes). Cette évolution historique qui s’impose à peu près partout se focalise sur la dimension identitaire selon un mode qui peut être individuel ou collectif.  

Cette situation n’est pas sans expliquer la place ambiguë prise aujourd’hui par l’Europe (Joël Roman accorde crédit à Emmanuel Macron sur ce point). Mais de quelle Europe parle-t-on, puisque le tournant économique date de 1983, qu’il a été pris par la gauche, qu’il a précédé la privatisation d’une chaîne publique (le décès de Berlusconi, qui en fut le moteur, nous l’a rappelé) et qu’il avait une dimension politique, puisqu’il répondait à la mal-gouvernabilité d’un pays déjà en mal de réformes ? Cependant, la situation historique n’est plus la même et le sentiment anti-européen plus hypocrite : si les souverainistes patentés (version Giorgia Meloni en Italie ou Le Pen en France) accordent progressivement et en sourdine leurs violons avec les institutions européennes, c’est sur un mode réaliste et intéressé qui n’a rien à voir avec la guerre en Ukraine. C’est qu’elles ont besoin de l’Europe financièrement et qu’elles veulent à terme solidifier politiquement une Europe bunkerisée rejetant les migrants et les réfugiés de l’autre côté de la Méditerranée, en Turquie et en Libye[4]. Paul Ricœur n’était pas un fédéraliste, mais il ne voyait pas les communautés citoyennes autrement que sur un mode historique, ce qui revenait selon lui à concevoir des liens entre les communautés politiques, dès lors que le monde est pluriel et n’est pas voué à la guerre mais à la paix entre les nations. Il rappelait simultanément dans La condition d’étranger que la communauté politique doit accorder une priorité à l’étranger qui ne vient pas altérer une identité historique, mais lui rappeler qu’il n’y pas d’identité sans altérité, sans confrontation avec d’autres formations historiques. Retour donc à la question de l’identité, non pas à une identité ouverte ou fermée, mais fermée et ouverte selon des variables contrastées qui mettent en avant la double question de l’immigration et des réfugiés. Notre débat sur la démocratie, qui a fait oublier pendant des mois la question de l’immigration (devenue l’affaire du seul Zemmour dans le contexte de la présidentielle, ce qui a conforté le RN qui pouvait se faire discret sur ce point, ce qui n’a pas duré longtemps puisque Bardella est devenu le porte-parole des migrants anti-migrants), est revenu au centre à l’occasion des émeutes urbaines, fomentées par des barbares venus d‘ailleurs selon les mentors de LR[5].

Face à une violence aux visages multiples fortement médiatisée par les réseaux sociaux, ce qui nourrit les conflits sur la légitimité, il n’y aurait d’autre réplique que le discours, la capacité de trouver un langage commun, de faire médiation, tel est le leitmotiv rappelé ici de Paul Ricœur ou d’Éric Weil. Alors même que l’intelligence artificielle (IA) nourrit toutes les utopies transhumanistes, il n’est pas inutile de faire le lien entre la révolution numérique et la désintermédiation. La crise des médiations, celle qui affecte le langage et fragilise les institutions (à commencer par les médias, ce quatrième Pouvoir critique et indispensable qui assure pourtant de moins en moins les médiations qui sous-tendent un espace public en démocratie), est en passe de devenir un lieu commun, mais la fuite en avant technicienne (la transition numérique) n’est guère réfléchie et mise en cause. Paul Ricœur parlait de médiation imparfaite, mais comment concevoir celle-ci dans un univers où la Technique et la Machine imposent leur manière de penser ? Ce qui pèse sur ce qui fonde l’action politique elle-même, celle d’en haut, celle de l’État comme celle d’en bas, celle de la société qui veut croire que les États sont en voie de disparition alors même que ceux-ci jouent un rôle plus décisif que jamais en ces temps de guerre interne (la menace du terrorisme) et externe (l’Ukraine dans le cadre européen). « Les guerres du XXe siècle », expression de Jan Patočka, ont une suite : « les guerres du XXI° siècle ».

 

Olivier Mongin

 

Nota bene : Les textes publiés par l’Association Paul Ricœur n’engagent que leurs auteurs. Ils ont pour but de rendre possibles des débats échappant à l’antinomie du consensus et du dissensus.


[1] Voir Luc Rouban, La victoire cachée du FN, Presses de Sciences Po, 2023.

[2] Une mise au point, qui n’a guère été faite par la presse dite responsable, montrerait que le mouvement syndical connaît des difficultés depuis deux décennies, une situation à laquelle les récents recrutements ne sont pas une réponse suffisante. Par ailleurs, il est indéniable que le syndicalisme est en France porté en grande majorité par les fonctions publiques et que la France n’est pas une social-démocratie où le Capital et le travail négocient chaque année, comme c’est le cas en Allemagne par exemple. Le contexte est celui d’un glissement du « public » vers une privatisation de l’État qui conditionne l’avenir d’un syndicalisme qui ne peut se contenter d’un discours critique du Pouvoir mais constituer une société civile responsable politiquement.

[3] Selon un sociologue patenté, spécialiste des réseaux sociaux, les émeutes urbaines de juillet sont une révolte citoyenne… alors même que les cibles majeures étaient les symboles de la vie publique, dont les écoles et les mairies ! Voir le Monde, 7 juillet 2023

[4] Quant aux social-démocraties encore présentées comme un modèle, il n’échappe plus à personne qu’elles se sont retournées violemment contre l’immigration (voir la Finlande et la Suède). La redistribution butte sur la question identitaire, celle qui exige de savoir avec qui l’on veut partager !

[5] Sur tous les points abordés ici, je me permets de renvoyer à ces deux ouvrages : Olivier Mongin et Lucile Schmid, Macron à contretemps, Bayard, 2022, Démocraties d’en haut, Démocraties d’en bas. Dans le labyrinthe du politique, Seuil, 2023.

Précédent
Précédent

Retour sur la réforme des retraites

Suivant
Suivant

L’ordre anti-terroriste et ses paradoxes